Cher Monsieur Tassé,
En tant que porte-parole de milliers d’entreprises, de même que des différents secteurs et régions touristiques au Québec, nous nous permettrons de vous transmettre nos préoccupations en lien avec certains points que vous soulevez dans votre lettre d’opinion publiée le 11 juillet dans les pages du Journal de Montréal.
Étant évidemment très attentif aux points de vue que vous exprimez, laissez-nous vous proposer des pistes de réflexion qui peuvent contribuer à prendre du recul sur certaines idées qui sont avancées et qui remettent en doute la pertinence du modèle touristique québécois.
« L’économie du Québec n’a pas besoin du tourisme pour bien se porter »
En 2019, l’industrie touristique québécoise générait près de 16,4 milliards de dollars dans l’économie de nos villes et de nos régions. Forte de près de 25 000 entreprises, qui créaient plus de 400 000 emplois non délocalisables et qui permettent, notamment, de soutenir l’insertion des jeunes et le prolongement de la carrière des travailleurs.euses expérimenté.e.s, notre industrie contribue directement à soutenir une économie régionale à longueur d’année.
Ce secteur économique se compose majoritairement de PME qui portent plusieurs de nos localités et de nos régions. Certaines ont permis de diversifier les économies, tant régionales que celles de Montréal et de Québec, ou en sont même devenues, par leur « effet multiplicateur », le principal vecteur économique. La toile des entreprises touristiques ou des sites majeurs organisés attirent des voyageurs.euses qui consomment localement lors de leur passage dans les commerces de proximité, chez les producteurs locaux, les restaurateurs et autres.
Les efforts de l’industrie afin de développer une offre quatre-saisons et de faciliter l’accessibilité et la fluidité des modes de transport visent notamment aujourd’hui à mieux répartir les clientèles sur le territoire, mais aussi à maintenir la prospérité des villes, stimuler la vitalité des villages et stabiliser la démographie en région.
Dans un récent sondage réalisé par la firme Léger auprès de la population québécoise en juin 2022, 91 % des répondant.e.s indiquent qu’ils considèrent que l’industrie touristique du Québec offre une contribution importante dans la vitalité économique du Québec et ses régions.
La pandémie aura permis, tant à la population qu’aux divers paliers de gouvernements, de s’en rendre compte plus que jamais. Cela explique en grande partie pourquoi ces derniers en ont fait une priorité et y investissent encore.
« Les expériences touristiques sont de mauvaise qualité »
Bien entendu, la notion de qualité est relative et relève des critères de chacun et de chacune. Du voyageur.euse plus conservateur.trice au plus audacieux.euse, l’offre touristique québécoise est réfléchie et conçue de manière à proposer des expériences qui correspondent à des intérêts variés.
La gamme d’expériences est non seulement diversifiée, mais aussi adaptée. Aventures en nature, Saveurs locales, Vivre le Saint-Laurent, Chasse et pêche, Culture et histoire vivante, Routes touristiques qui mettent en valeur les initiatives en développement durable et Villes vibrantes et festivals destinés autant aux plus grands qu’aux tout-petits, n’en sont que quelques exemples.
Est-ce un processus d’amélioration continue? Est-ce que l’offre touristique continuera à évoluer et s’ajuster aux besoins exprimés par les voyageurs.euses et les communautés qui les accueillent? Certainement, et c’est avec la créativité, la résilience et l’esprit d’innovation qui caractérisent les entrepreneur.e.s qui composent ce secteur économique qu’ensemble, nous avançons.
« L’industrie touristique est un gâchis »
Vous soulevez un point important : dans un contexte de relance du tourisme, notre industrie doit résister à la tentation de tourner les coins ronds et privilégier la quantité à la qualité. Ce n’est pas de cette façon que nous réussirons à démarquer le Québec comme destination de choix auprès des voyageurs.euses d’ici et de partout dans le monde. Nous sommes donc conscient.e.s de la nécessité d’atteindre cet équilibre.
En ce sens, l’industrie touristique québécoise et ses partenaires sont pleinement engagés à développer des expériences et des destinations durables et responsables. Cela s’incarne aujourd’hui, notamment, dans la promotion d’un tourisme plus lent et par la valorisation d’une plus grande participation des communautés locales dans la mise en œuvre de l’offre touristique. Les exemples sont nombreux.
Cette vision d’avenir, inclusive et ouverte, nous y croyons.
En espérant avoir pu ajouter une perspective à votre réflexion, veuillez agréer, monsieur Tassé, l’expression de nos sentiments les meilleurs.
Martin Soucy, pdg de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec