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Article rédigé par Nathalie Schneider dans le cadre du Parcours DD en tourisme, une initiative pilotée par l’Alliance et rendue possible grâce à la collaboration et au financement du ministère du Tourisme. 

 

Les ATR : Tourisme Saguenay-Lac-Saint-Jean et Tourisme Gaspésie 

Une étude inédite et inspirante sur la valeur économique et sociale des paysages du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Et l’implication de Tourisme Gaspésie dans la mise en valeur éclairée du territoire à des fins touristiques.  

Qualifier et classifier les paysages en fonction de leur valeur marchande mais aussi non marchande : c’est l’objectif de cette étude réalisée en 2022 par Tourisme Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le paysage n’est pas juste une ressource exploitable; il représente aussi un bien collectif, dont la gestion est multipartite.  

Cette étude évalue la valeur des paysages de la région selon quatre critères : environnemental, social, culturel/patrimonial et esthétique. Elle aboutit à dresser une grille d’évaluation par points fondée sur des enquêtes et des sondages portant sur ce qui fait l’attractivité du territoire : les aires protégées, les bâtiments patrimoniaux, les villages membres de l’Association des plus beaux villages du Québec, les habitats fauniques et floristiques, les lieux imaginaires, les endroits les plus photographiés, etc. Une approche plutôt innovante au Québec. 

Cette étude, réalisée par la firme de génie conseil DDM et la coopérative en architecture de paysage Les Mille Lieux, avec le soutien financier du ministère du Tourisme et du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation via le Fonds d’appui au rayonnement des régions (FARR), a deux finalités : valoriser l’intégrité écologique et l’attractivité touristique de la région.  

Ce travail d’envergure est déjà dans les mains de tous les partenaires locaux et nationaux : MRC, municipalités, plusieurs ministères et partenaires chargés de l’aménagement du territoire régional. Les acteurs locaux sont donc en mesure de mettre en perspective l’impact de certains projets, comme l’exploitation forestière, l’agriculture ou l’industrie minière, versus la valeur des paysages fondée sur plusieurs indices. Et l’impact est réel.   

En effet, le ministère des Transports et de la Mobilité durable s’est servi de cette étude quand il a été question de procéder à un prolongement de l’autoroute 70, entre Grande-Anse et La Baie, afin de restreindre autant que possible les impacts de l’extension du réseau routier sur le paysage. 

Cet outil permet d’appliquer au territoire une méthode d’analyse standardisée, uniforme et aisément reproductible. Une matrice décisionnelle est d’ailleurs déjà en opération pour identifier, de manière objective, les impacts d’un projet sur les différentes valeurs d’un territoire. Et, ainsi, appuyer la protection de la biodiversité en établissant des discussions constructives entre toutes les parties prenantes du territoire. Présentement, Tourisme Saguenay-Lac-Saint-Jean en est à l’étape de faire connaître cette étude à ses membres afin d’impliquer toute la communauté au processus de qualification du territoire et, de cette façon, renforcer l’attractivité touristique de la région. 

 

© SEPAQ Crédit Photo : Stuart Davis

Chez Tourisme Gaspésie, on œuvre aussi à la préservation et à la mise en valeur du territoire à des fins touristiques de manière à pérenniser son attractivité. En effet, l’ATR a récemment pris position pour limiter le nombre d’entreprises touristiques qui proposent des tours en mer dans la nouvelle aire marine protégée du Banc-des-Américains, au large de Forillon : «Nous avons confirmé que les entreprises qui ont leur autorisation de commerce dans ce secteur ont développé une expérience éthique et respectueuse des ressources et qu’il y a peu d’intérêt à libéraliser ces autorisations et multiplier le nombre de joueurs», explique Jean-Philippe Chartrand, directeur Développement et Tourisme durable.  

Bref : la préservation et la mise en valeur du milieu naturel à des fins touristiques relèvent d’une vision mais, surtout, d’un modèle d’affaires à même d’en assurer la pérennité et la viabilité.  

L’ATS : Aventure Écotourisme Québec 

Un plan d’action en développement durable qui soutient ses membres dans leur transition. 

L’association des professionnels du plein air et de l’écotourisme, qui soutient la qualité et la sécurité des activités en nature, a mis en place un plan d’action en développement durable en 2022. Ce plan engage l’association et ses membres à atteindre 13 objectifs d’ici 2025, objectifs qui reposent sur trois grands piliers, dont l’adoption de pratiques écoresponsables soucieuses de préserver la biodiversité du territoire. Dans le cadre de la mise en valeur de ce plan d’action, l’ATS soutient le programme 1% pour la Planète qui consiste, pour les membres de l’AEQ, à investir 1% de leur chiffre d’affaires au profit de causes environnementales. 

 

 

« Depuis le début, nous avons récolté 700 000 $ grâce au programme 1% pour la Planète que nous soutenons, explique Stéphane Jeannerot, responsable du développement des entreprises pour l’AEQ. Ce montant a été réinvesti dans des projets de restauration des écosystèmes, comme la Société pour la nature et les parcs du Canada. » Ces projets sont menés avec des partenaires spécialisés dans la préservation et la restauration des écosystèmes comme l’Éco-Corridors laurentiens, le Groupe de recherche sur les mammifères marins ou, encore, la Fondation Rivières. Pour la seule année 2024, ce sont 500 000 $ qui devraient être réinjectés notamment dans des projets de préservation du milieu naturel.  

L’AEQ a également conclu un partenariat avec Les Pages vertes, le répertoire des entreprises écoresponsables, pour établir un diagnostic des pratiques de leurs membres et dresser un plan d’action adapté afin de réduire leur impact sur l’écosystème et sur les changements climatiques. « En mars 2025, tous nos membres devraient être passés par cet exercice », prédit Stéphane Jeannerot. Enfin, pour favoriser la mise en œuvre du Plan d’action en développement durable, des outils pratiques sont mis à disposition, comme des formations, pour doter les entreprises et leur personnel de meilleures connaissances sur les écosystèmes et sur la façon optimale de communiquer ces informations auprès du public. 

L’entreprise : Contact Nature 

Quand le plein air se range au service de la préservation des écosystèmes. 

La preuve : cette entreprise du Saguenay, membre de l’AEQ, n’est pas seulement un opérateur d’activités de plein air, mais un acteur majeur dans la protection et la mise en valeur des milieux naturels à des fins éducatives et récréotouristiques. « Dès sa création en 2008, sa raison d’être, c’était la préservation, la restauration, la revalorisation des milieux naturels pour assurer le bienêtre collectif et pour pérenniser l’accès aux sites de plein air », explique Marc-André Galbrand, directeur général de Contact Nature 

 

© Laurent Silvani Photographie 2022 - www.silvani.ca

Crédit photo: Contact nature

Cet OBNL est né de la fusion de deux petits OBNL qui existaient déjà et qui préfiguraient à sa mission de préservation de la biodiversité : l’Association des pêcheurs sportifs de la Rivière-à-Mars et le Centre Plein air Bec-Scie. Peu à peu se sont ajoutées d’autres entités, comme le Camping Aux Jardins de mon père, et Okwari Aventures, dans le but de diversifier les activités et assurer ainsi la viabilité économique de l’entreprise. Ceci n’aurait pu se faire sans l’impressionnante coagulation des entreprises locales, comme Rio Tinto, ou des organismes comme la Fédération québécoise pour le saumon atlantique.  

En à peine 15 ans, l’organisme de fusion est parvenu à combiner les activités de plein air – randonnée pédestre, raquette, ski de fond, camping – et la préservation et la revalorisation du milieu naturel. Ainsi, sur la Rivière-à-Mars, l’entreprise a procédé à la restauration de l’habitat du saumon atlantique et de la truite de mer. Dans le Centre Plein air Bec-Scie, elle a effectué l’aménagement de sentiers durables pour la randonnée et la raquette. Ceci, en partenariat avec la Ville de Saguenay, Tourisme Saguenay-Lac-Saint-Jean, des organismes de protection du milieu, comme la Fondation de la faune du Québec, et des experts en aménagement du territoire.  

Plus récemment, en 2021, Contact Nature a notamment restauré et réaménagé le sentier Eucher, abandonné depuis plusieurs années, grâce au soutien du Gouvernement du Québec. Aujourd’hui, on emprunte ce circuit qui longe le Fjord du Saguenay sur 13 km. 

En outre, l’entreprise applique à la lettre les principes du développement durable en diminuant autant que possible l’impact environnemental de ses activités et en privilégiant un usage optimal des ressources naturelles.    

À l’international : Tourism Australia  

Comment être un touriste modèle? L’Australie a des idées.  

La biodiversité du continent australien, considérée comme unique sur la planète, tend à décliner sous l’effet de l’urbanisation, de l’agriculture extensive, des feux de forêt et des changements climatiques. En un mot, l’Australie occupe le premier rang en termes de disparition de mammifères dans le monde. Ce constat est assez alarmant pour alerter le gouvernement et l’inciter à opter pour des mesures drastiques et innovantes afin de renverser la tendance.  

Ainsi, Tourism Australia invite ses visiteurs à adopter un comportement irréprochable durant leurs séjours touristiques, mais l’organisme va bien plus loin en faisant des touristes de véritables partenaires de la protection de la biodiversité. Ceux qui désirent découvrir la Grande Barrière de corail de Queensland, par exemple, doivent s’acquitter d’une légère taxe qui sert à soutenir des projets de conservation du récif.  

L’entreprise locale Earthwatch, quant à elle, propose à des visiteurs bénévoles de participer à une veille pour mesurer le milieu sous-marin et éradiquer les algues invasives, sous l’encadrement de chercheurs. Même de l’étranger, on peut devenir un Citizen of the Great Barrier Reef (« citoyen de la Grande Barrière de corail ») en adoptant, à long terme, six actions concrètes, comme recourir à des équipements réutilisables ou bannir les sacs plastiques, qui contribuent à la protection des récifs coralliens, de n’importe où sur la planète.  

Près de Melbourne, l’éco-voyagiste Echidna Walkabout offre aux touristes l’occasion de contribuer à la revalorisation de l’habitat du koala en replantant des arbres dont cette espèce en péril se nourrit, en plus de séjours entre un à trois jours pour observer le koala. Les profits générés par ces activités soutiennent l’organisme caritatif Koala Clancy Foundation. 

Aux côtés d’experts du diable de Tasmanie, les visiteurs peuvent aussi soigner et nourrir les animaux blessés dans un refuge de Becheno, dans le cadre du projet de bénévolat Tasmanian Wildlife and Pinguin Care d’Oceans 2 Earth, une fondation qui appuie les projets de réhabilitation des espèces menacées.   

S’engager à poser des gestes pour réduire son empreinte plastique, comme prélever trois déchets à chaque visite sur une plage, est une autre option pour faire des touristes de véritables agents de changement : c’est l’objet du programme Take 3 For the Sea. Cette opération est une manière de les sensibiliser au problème des débris marins qui se retrouvent dans l’habitat de nombreuses espaces fauniques. Ce ne sont là que quelques exemples d’activités qui combinent le tourisme à l’action de terrain dont Tourism Australia fait la promotion. 

Pour passer le pas : les bonnes pratiques à retenir 

  • Agir en faveur du développement des connaissances en vue d’identifier les valeurs environnementale, sociale, culturelle/patrimoniale et esthétique des territoires pour valoriser l’intégrité écologique, orienter le développement de nouveaux projets et accroître l’attractivité touristique de la région, tout en préservant les ressources qui la rendent unique ;
  • Élaborer et mettre en place un plan d’action en développement durable en vue d’agir au niveau organisationnel et encourager ses pairs à œuvrer également en faveur de la préservation, la mise en valeur de la biodiversité, des milieux naturels et des paysages en vue de l’atteinte d’objectifs visés;
  • Développer et structurer l’offre en proposant des activités de plein air qui appliquent les principes de développement durable pour soutenir la restauration et la valorisation du milieu naturel ; 
  • Outiller et sensibiliser la clientèle touristique à la richesse et la fragilité des milieux naturels en lui permettant d’agir concrètement sur le terrain et de contribuer personnellement à protéger la biodiversité.