Article rédigé par Nathalie Schneider dans le cadre du Parcours DD en tourisme, une initiative pilotée par l’Alliance et rendue possible grâce à la collaboration et au financement du ministère du Tourisme.
L’ATR : Tourisme Montérégie
L’association touristique de la Montérégie mise sur la mobilité durable pour attirer les visiteurs et soutenir sa vitalité économique.
« Le cyclotourisme fait partie de l’identité de la Montérégie, c’est une expérience phare et forte dans la région, explique Amélie Caron, coordonnatrice, développement du cyclotourisme à Tourisme Montérégie. On en a toujours fait la promotion. »
De la planification stratégique 2022-2026 de Tourisme Montérégie, lancée en 2022, est née l’entente sectorielle de développement pour la valorisation des réseaux multifonctionnels de la région, dont l’ATR est le mandataire. Cette entente relève d’une vaste collaboration de toutes les MRC, du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), du ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) et de la Table de concertation régionale de la Montérégie. Elle vise à garantir une structuration optimale de l’offre et une promotion régionale harmonisée, démontrant ainsi le rôle crucial que cette activité joue à l’égard de la vitalité régionale.
Cette entente a donné lieu à la réalisation d’une étude, en partenariat avec la firme Raymond Chabot Grant Thornton. Cette étude, soutenue par le ministère du Tourisme du Québec (MTO) dans le cadre de l’Entente mandat MTO-Tourisme Montérégie, vise à évaluer les retombées économiques du tourisme à vélo en Montérégie. Celle-ci conclut – selon une approche restrictive conforme à la littérature économique – que les dépenses touristiques engendrées par le tourisme à vélo en Montérégie ont généré, en 2023, des retombées économiques de 132 millions de dollars via l’hébergement, la restauration et les diverses activités. Le vélo a également permis, à lui seul, de soutenir quelque 1084 emplois à temps plein.
Les bénéfices engendrés par le tourisme à vélo ne se limitent pas aux retombées économiques : les personnes qui visitent à vélo ont une approche touristique plus lente, plus exploratoire et plus durable de la destination. De plus, cette avenue encourage les saines habitudes de vie et soutient la santé à la fois physique et mentale.
Selon Tourisme Montérégie, 42 % des entreprises prévoient bonifier leurs services aux cyclistes, comme offrir un service de location de vélos ou acquérir la certification Bienvenue Cyclistes. « Ces chiffres démontrent la nécessité de développer et d’entretenir le réseau cyclable et les organisations autour de l’offre à vélo », ajoute Amélie Caron.
La mobilité durable, modèle de développement régional de la Montérégie ? Certainement, si on se réfère aussi au projet pilote mis en place l’été dernier par Tourisme Montérégie et Tourisme Vaudreuil-Soulanges pour promouvoir le transport collectif auprès des visiteurs.
Grâce à un projet pilote mené avec Exo, l’agence métropolitaine de transport qui opère dans les Couronnes nord et sud de Montréal, des touristes montréalais ont pu se rendre à la gare de Vaudreuil en train ou en autobus (Express Vaudreuil) et emprunter une navette pour se déplacer vers des sites touristiques comme le mont Rigaud ou la Sucrerie de la montagne. Certains ont embarqué dans le train avec leur vélo, afin de rouler sur les pistes cyclables montérégiennes, et passer ainsi une journée 100 % mobilité durable. Devant le succès de l’édition estivale, organisée durant les fins de semaine, l’activité a été prolongée cet automne.
Partenaire : Kéroul
L’accessibilité et la mobilité durable : des enjeux intimement liés.
L’enquête canadienne sur l’incapacité (ECI), réalisée en 2022, estime que 21 % de la population de la province du Québec âgées de 15 ans et plus ont au moins une incapacité. Ce chiffre a augmenté de 4,8 % depuis 2017. Cette même étude souligne également la diversité des incapacités ; celles-ci concernent tant la santé mentale que la vision et le handicap physique. Ces incapacités, dont le nombre est en augmentation notamment avec le vieillissement de la population, peuvent par conséquent impacter la mobilité des personnes. La mobilité durable et inclusive s’avère au cœur des actions de Kéroul, interlocuteur privilégié du ministère du Tourisme du Québec en matière d’accessibilité. L’objectif de Kéroul : rendre le tourisme et la culture accessibles aux personnes à capacité physique restreinte.
La mobilité est un enjeu à prendre en compte à plusieurs étapes. En effet, un visiteur à capacité physique restreinte doit, d’une part, être en mesure de se rendre jusqu’à la destination touristique et, d’autre part, se déplacer de manière fluide et sécuritaire au sein des infrastructures d’accueil de cette dernière.
Dans le but de guider les entreprises vers l’accessibilité, Kéroul propose des fiches techniques illustrées portant sur l’accès à tous les types d’infrastructures, que celles-ci soient intérieures ou extérieures.
©Michel Julien
Depuis le mois de juillet, Kéroul travaille sur le projet pilote avec Taxelco, afin de proposer un service de taxi adapté aux personnes à mobilité réduite. Car le transport adapté, mis en place par la Société des Transports de Montréal, ne répond que très partiellement aux besoins de ces personnes, leur imposant de réserver le service 24 à 48 h avant leur déplacement. Les taxis adaptés de Taxelco, eux, peuvent répondre instantanément à la demande, et ce, dans toute la grande région montréalaise (de Saint-Jérôme à Saint-Jean-sur-Richelieu).
« L’idée est de proposer une chaine de transports accessibles afin que les personnes en situation de handicap puissent se déplacer d’un point A à un point B sans développer d’anxiété entre les deux », explique Simon April, responsable de la formation et de la défense des droits à Kéroul. Ce service d’accessibilité intégrée des transports est l’un des fondements de la mobilité durable et inclusive.
Pour Simon April, il est nécessaire que l’ensemble des professionnels engagés dans l’accessibilité universelle – architectes, ingénieurs, urbanistes – travaillent ensemble afin que tous les bâtiments, infrastructures et transports conviennent à chacun, quelle que soit la nature de son handicap, qu’il soit physique ou cognitif. Car l’accessibilité universelle est une notion transversale qui exige d’être abordée de façon globale : que vaut un musée ou une salle de spectacle accessibles si une personne à mobilité réduite ne peut s’y rendre facilement ?
L’entreprise : la navette fluviale Québec – Sainte-Anne-de-Beaupré
Relier Québec depuis Sainte-Anne-de-Beaupré – et réciproquement – par le fleuve accroit l’attractivité et apporte une solution au trafic urbain.
Depuis sa mise en service en 2022, la popularité de cette navette fluviale ne cesse d’augmenter : en 2024, près de 34 000 personnes, résidents et touristes, ont emprunté ce mode de transport alternatif pour relier Québec et Sainte-Anne-de-Beaupré. Sa fréquentation a grimpé de 40 % en deux ans à peine, réduisant du même coup, la pression imposée sur le réseau routier de la Capitale-Nationale.
Mise en place grâce à un partenariat entre Croisières AML et Développement Côte-de-Beaupré, la navette découle d’un vaste projet de revitalisation du quai de Sainte-Anne-de-Beaupré, entrepris 14 ans plus tôt. Selon David Dorion, directeur Tourisme à Développement Côte-de-Beaupré, les visiteurs, mais aussi les citoyens des deux municipalités, se sont emparés de ce moyen de transport collectif qui permet à 120 personnes de passer d’un bord à l’autre du fleuve avec trois départs journaliers.
©Croisière AML
Les passagers peuvent embarquer dans la navette avec leur vélo et emprunter le réseau cyclable de Québec ou de Sainte-Anne-de-Beaupré, ce qui enracine ce transport collectif dans une optique globale de mobilité durable. Qui plus est, le gestionnaire de la navette, Développement Côte-de-Beaupré, opère des forfaits avec des autobus locaux pour permettre aux gens de se rendre vers des destinations touristiques, comme le Mont-Sainte-Anne ou le Canyon Sainte-Anne ou encore, faire une tournée des commerces et des établissements d’agrotourisme, par exemple.
Avec cette initiative, la ville de Québec veut s’attaquer au problème de congestion routière et s’imposer comme un modèle en matière de mobilité durable, susceptible d’inspirer d’autres municipalités québécoises. Pour l’instant, cette navette n’est pas propulsée à l’électricité, mais Croisières AML est conscient de devoir trouver des solutions énergétiques plus durables.
À l’international : Tourisme Barcelone (Meet Barcelona)
L’accessibilité universelle est l’un des fondements de la mobilité durable. Barcelone l’a bien compris.
Meet Barcelona recommande aux touristes d’opter pour la marche et les transports en commun pour se déplacer, tout en s’immergeant dans l’ambiance urbaine de ses quartiers. Des véhicules électriques et des vélos sont offerts à la location (Barcelone comprend un réseau cyclable de 240 km).
Mais là n’est pas sa seule stratégie pour soutenir la mobilité durable dans l’une des deux villes les plus visitées d’Espagne (après Madrid). L’aménagement du territoire, qui permet l’accès à tous de manière équitable et sécuritaire, relève du concept de durabilité. Concept qui est au centre des préoccupations : métro, bus et tramway sont tous adaptés aux personnes à mobilité réduite et sont munis de la technologie NaviLens, un système de code-barres à deux dimensions, lisible sur téléphone intelligent, à l’attention des personnes malvoyantes.
Meet Barcelona veut faire de la ville, une destination accessible à tous, et ce, dans tous les secteurs reliés au tourisme : musées, hôtels, plages et sites touristiques. Le site barcelona-access.com recense les dispositifs visuels, auditifs, moteurs et cognitifs qui sont proposés dans les musées et les centres d’exposition ; de nouveaux audioguides sont également mis à la disposition des visiteurs aux prises avec une déficience visuelle, notamment à la Sagrada Familia.
Une assistance personnelle est aussi offerte aux personnes ayant des besoins particuliers, comme un personnel adéquatement formé, grâce à TUR4all, une plateforme collaborative (sur application mobile et page web) mise en place par le Secrétariat d’État espagnol du tourisme. Plusieurs hôtels, parcs, plages et sites patrimoniaux garantissent un accès universel ; le parc Güell, notamment, comprend deux parcours accessibles que chacun peut suivre grâce à l’application Visites inclusives. Ce parc de Barcelone propose cette application technologique dans le but d’améliorer l’inclusion et l’autonomie de toutes les personnes qui visitent le parc, afin qu’elles puissent profiter de l’espace avec de façon autonome, confortable et sécuritaire, quelle que soit leur situation physique, sensorielle ou cognitive. Car faut-il rappeler que le tourisme est un droit social que tout un chacun est en droit de revendiquer ?
Pour passer le pas
- Encourager les visiteurs à adopter les moyens de transport durables pour se rendre et séjourner dans une destination touristique.
- Favoriser le développement et l’entretien des infrastructures reliées aux transports actifs (marche, vélo, etc.).
- Mettre en place des modes de transport alternatifs connectés afin de faciliter les déplacements sans voiture.
- Garantir l’accessibilité des sites, des services et des transports à tous en tenant compte de leurs besoins particuliers.
- Inclure dans les supports de communication une information précise et exhaustive de tous les dispositifs permettant l’accessibilité universelle.