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Article rédigé par Nathalie Schneider dans le cadre du Parcours DD en tourisme, une initiative pilotée par l’Alliance et rendue possible grâce à la collaboration et au financement du ministère du Tourisme.

L’ATS: Fédération des pourvoiries du Québec

La transition énergétique, un enjeu majeur pour les pourvoiries.

Les deux tiers des pourvoiries du Québec recourent encore aux énergies fossiles, faute d’être raccordés au réseau d’Hydro-Québec. Reste que, ces dernières années, certaines pourvoiries ont entamé leur transition énergétique en installant sur leur site des panneaux solaires notamment.

Pourvoirie Le Triolet

En 2021, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs a lancé une mesure de soutien de 24,6 millions de dollars pour soutenir la consolidation des infrastructures et la croissance des pourvoiries du Québec dans un contexte de développement durable. Administrée par la Fédération des pourvoiries du Québec, cette mesure permettra, entre autres, de soutenir la mise à niveau des installations en favorisant la transition vers des énergies renouvelables et une meilleure gestion des eaux usées et des matières résiduelles des pourvoiries. « Selon les données les plus récentes, sur les 247 pourvoiries qui ont déposé un projet, 139 prévoyaient un volet transition énergétique, explique Dominic Dugré, président-directeur général de la Fédération des pourvoiries du Québec. Cela concerne l’installation de panneaux solaires, l’acquisition de frigos électriques plutôt qu’au propane, de moteurs électriques pour les hors-bords ou de thermopompes pour le chauffage ou la climatisation. On peut estimer à 15 ou 16 millions de dollars le montant consacré au volet transition et économie d’énergie. »

En outre, la Fédération des pourvoiries du Québec a compilé des données pour dresser un état des lieux de la transition énergétique des pourvoiries du Québec. Un inventaire des GES produits par les pourvoiries constitue la première phase dont l’objectif, à l’horizon 2025, est de développer des outils stratégiques pour réaliser la transition énergétique du secteur.

Une transition d’autant plus nécessaire que la demande en énergie risque d’augmenter considérablement avec l’arrivée des véhicules et des motoneiges électriques : « L’un des projets pilotes est d’installer des bornes de recharge électriques de niveau 3 avec la ville de La Tuque pour que les propriétaires de véhicule électrique puissent le recharger pour retourner chez eux après le séjour », explique Dominic Dugré. On examine avec des spécialistes quel type de borne on devrait privilégier et à quels endroits on devrait les installer pour que ce soit efficace. On discute aussi avec les autres territoires comme les ZEC ou les réserves fauniques pour partager des bornes de recharge. »

 

© Pourvoirie Camp Cooper

 

Outre la transition énergétique, la Fédération des pourvoiries du Québec agit également pour sensibiliser et éduquer la clientèle des pourvoiries sur les autres aspects du développement durable : récolte responsable, sans trace, compostage, protection du milieu naturel, etc. Le développement durable est bien en marche dans ce secteur.

L’entreprise: le Vieux Loup de Mer

Le Vieux Loup de mer

Depuis 1999, deux entrepreneurs visionnaires du Bas-Saint-Laurent donnent une seconde vie à de vieux chalets abandonnés.

Redonner vie à de vieux bâtiments pour en faire des hébergements locatifs de charme : c’est l’idée un peu folle qu’ont eue Martin Gagnon et Jean-Luc Leblond il y a 25 ans. À une époque où personne ne parlait de tourisme durable, d’économie circulaire et d’écoresponsabilité, les deux entrepreneurs ont commencé à acquérir d’anciens chalets et des maisonnettes laissées à l’abandon en les démontant sur place et en les remontant sur leur site, sur une falaise ou en contrebas, face à la baie des Roses.

« Ce sont des maisons typiquement québécoises construites pièce sur pièce, ce qui permet de les démonter en détachant les coins des murs et en déshabillant les revêtements extérieur et intérieur, explique Martin Gagnon. Ces bâtiments, souvent construits en cèdre, sont d’une solidité incroyable quand ils n’ont jamais été inondés. » Bien sûr, le remontage se fait dans le respect des standards de l’industrie : escaliers conformes, salles de bain complètes, etc. Mais le charme rustique demeure : vieux poêle à bois, anciennes cuisinières électriques, décoration champêtre.

Aujourd’hui, le Vieux Loup de Mer, ce sont 15 chalets de charme, dont neuf entièrement recyclés, en bordure du Saint-Laurent et à deux pas du parc national du Bic. Comme L’Hermite, un hébergement reconstruit à partir de toutes ses pièces de bois datant de 1875 en surplomb du fleuve. Ou, encore, La Chasse marée, un sea shack traditionnel de la côte Atlantique, érigé sur la grève dans les années 1960. Depuis la pandémie, Le Vieux Loup de Mer fait affaire avec des producteurs et des restaurateurs locaux pour fournir des aliments et des repas sur demande aux résidents des chalets, sur le principe de l’économie circulaire.

 

Samuel St-Onge Dostie

Le Vieux Loup de mer © Samuel St-Onge Dostie

 

Dès le départ, la consommation de l’eau a été un défi important, car le site n’est pas relié au réseau de la municipalité : « L’économie de l’eau a fait partie dès le début de nos préoccupations, explique Martin Gagnon. L’eau de surface est emmagasinée dans des réservoirs souterrains puis filtrée pour être potable. »

Côté énergie, ces bâtisses sont montées sur pilotis, ce qui permet d’éviter le déblai du sol et l’utilisation de ciment, un matériau particulièrement émetteur de carbone. « Présentement, nos chalets sont électrifiés, mais nous sommes à revoir l’approvisionnement en énergie, notamment avec l’énergie solaire », dit Martin Gagnon.

En 1999, les deux hommes passaient pour des fous du village ; aujourd’hui, ils sont perçus comme des visionnaires animés par une passion commune pour le patrimoine bâti. En 2021, le Vieux Loup de Mer s’est vu décerner le Prix rimouskois du mérite architectural.

À l’international: durabilité en Autriche, les meilleures pratiques en tourisme

Le tourisme autrichien penche nettement vers la durabilité.

Des vacances écologiques : c’est la promesse que fait le ministère du tourisme autrichien à ses visiteurs avec des hôtels écoresponsables, une mobilité et une alimentation durables, des remonte-pentes de centres de ski alimentés à l’énergie solaire. À titre d’exemples, plus de la moitié de ses stations de ski sont désormais alimentées en énergie renouvelable et 100 % de l’eau utilisée dans la fabrication de la neige retourne à son cycle naturel après usage. Dans son rapport Sustainability in Austria, Best Practicies in Tourism, le ministère recense 50 exemples de pratiques écoresponsables en tourisme, tant en été qu’en hiver, pratiques qui gravitent autour de la mobilité, de l’économie circulaire et de la responsabilité sociale, manière de démontrer que le développement durable est la pierre angulaire du tourisme en Autriche.

Voici trois exemples d’hébergements touristiques durables, qui font partie de ces 50 initiatives, dignes de mention.

  1. Au pied du Styrian Hochschwab, dans les Alpes autrichiennes, le refuge durable Voisthaler, a été construit comme un modèle de design eco-friendly, possédant une centrale à l’huile de colza qui génère l’énergie nécessaire pour son chauffage et son électrification, ainsi qu’une station de traitement des eaux usées entièrement biologique. Cette halte pour randonneurs s’intègre dans le milieu naturel en réduisant au maximum son empreinte environnementale.
  2. Perché au sommet de la passe Felbertauern, dans un environnement particulièrement sauvage, le refuge centenaire St. Pöltner a été reconverti selon les normes les plus sévères en matière de durabilité et d’écoresponsabilité. Sa restauration comprend, entre autres, un panneau photovoltaïque qui garantit l’autosuffisance énergétique et un système de récupération et de filtration écologique de l’eau de ruissèlement d’un glacier situé au-dessus du refuge.
  3. À Vienne, l’hôtel-Boutique Stadthalle, une institution qui compte 140 ans d’opération, est devenu le tout premier « hôtel ODD » d’Autriche, rénové selon les critères des objectifs de développement durable des Nations-Unies, démontrant que la durabilité peut être vue comme une opportunité d’affaires plutôt qu’un obstacle financier. Dès 2001, un panneau solaire a été installé sur le toit de l’hôtel et le système de chasse d’eau des toilettes a été alimenté par l’eau de pluie. Puis la bâtisse entière a été totalement repensée de manière à ce qu’elle génère toute l’énergie qu’elle consomme, grâce à un système photovoltaïque et thermique, et une pompe à chaleur fonctionnant à l’eau souterraine. Les chambres sont également meublées et équipées selon les principes directeurs des objectifs de développement durable des Nations-Unies. Preuve que ces principes peuvent être appliqués aux bâtiments déjà existants pour autant que l’engagement de leurs gestionnaires soit au rendez-vous.

 

 

Pour passer le pas: Québec Habitation

Publié par l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), ce média est la référence en matière d’innovation technologique de l’industrie.

« La meilleure énergie, la moins chère, est celle qu’on ne consomme pas ». C’est ce qu’affirmait Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, lors du Congrès de l’APCHQ tenu en décembre 2023 à Montréal. Autant dire que l’efficacité énergétique est la pierre angulaire de la carboneutralité des bâtiments, une position reprise par l’APCHQ.

Pour optimiser l’efficacité énergétique d’un bâtiment, les experts de l’APCHQ recommandent d’évaluer dans un premier temps tous les critères qui jouent un rôle dans la consommation d’énergie : niveau d’isolation, taux d’humidité constant, courants d’air et qualité des appareils de chauffage. Afin de diminuer les coûts reliés au chauffage, l’installation d’un système d’échangeur d’air peut être une bonne option pourvu que le bâtiment ait une bonne étanchéité à l’air. L’isolation et l‘étanchéité à l’air ont particulièrement besoin d’être rénovées dans les maisons anciennes (construites avant 1980).