Publié dans La Presse du 19 février 2016
Éric Larouche, président de Tourisme SLSJ
Loin de moi l’intention de donner des leçons à qui que ce soit en matière d’opinion. Nous aimons tous jouer au gérant d’estrade lorsqu’on parle de développement économique. En plus, c’est la première fois qu’on m’invite à me positionner publiquement sur une situation comme celle de l’investissement de 26 millions$ au Zoo sauvage de Saint-Félicien.
Est-ce que cette annonce du premier ministre est une bonne chose pour le Saguenay Lac-Saint-Jean? Absolument! Non seulement ne rien faire aurait été une très mauvaise chose, mais le moment est bien choisi pour obtenir de bons résultats rapidement.
Je me permets de nous faire à tous une suggestion: ne manquons pas cette occasion! Je suis un entrepreneur, donc vous dire que je n’approuve pas un projet qui représente un investissement de 32,5 millions sur cinq ans dans ma région serait vous mentir. Quelle région du Québec refuserait un investissement du genre?
Nul n’est prophète dans son pays. Vous allez me dire que l’argent aurait pu être investi ailleurs, dans d’autres secteurs auxquels vous croyez. Je comprends. Mais n’oublions pas qu’en matière de développement économique, la diversification demeure la clé. On s’est fait jouer des tours en n’ayant pas assez diversifié notre économie par le passé. Ne répétons pas la même erreur.
Pourquoi le tourisme, maintenant? Parce que pendant que d’autres industries vivent des moments difficiles, le tourisme international connaît une croissance mondiale annuelle de 5%, qui se maintiendra à plus de 3% pour les 15 prochaines années au moins. Parce que l’industrie touristique, car il s’agit bien de cela, une industrie, est à elle seule génératrice de 12,4 milliards$ en recettes annuellement, représente plus de 32 000 entreprises, dont une majorité de PME, qui soutiennent quelque 345 000 emplois dans la province. Parce que c’est un moteur de développement qui offre un retour sur investissement dont le Québec n’a pas les moyens de se passer. Chaque dollar public investi en tourisme au Québec retourne 7 dollars directement dans les coffres de l’État.
Pourquoi le zoo? Parce que c’est le bon joueur, au bon endroit pour de bons résultats. On n’y pense pas toujours comme ça, mais l’industrie touristique est un produit d’exportation. Le troisième de la province en fait. Quand des touristes de l’extérieur viennent chez nous, ils amènent de l’argent neuf. Et pour qu’ils viennent, il faut offrir des produits de qualité et surtout se renouveler. Le zoo est ce genre de produit porteur.
Parlons franchement… Trouvez-vous que le Québec se compare avantageusement au niveau des produits offerts avec le Canada, les États-Unis, l’Europe, l’Asie? On peut toujours faire mieux, n’est-ce pas? Il faut constamment se renouveler. Et ce n’est pas seulement en tourisme. Parlez-en à l’industrie de l’aluminium, aux papetières, aux manufacturiers, aux commerces de détail. Ils doivent sans cesse innover pour demeurer compétitifs. Un produit touristique n’y échappe pas, il doit suivre les tendances pour maintenir son achalandage.
Si le zoo avait eu une subvention pour le maintenir en vie artificiellement, parce que c’est le zoo, mon opinion serait tout autre. Mais cette organisation a fait un exercice de planification et une analyse des tendances pour monter un projet porteur. Des projets comme ça, amenez-en, et ce, partout au Québec! Plus la province aura à offrir, plus il y aura de l’intérêt pour la destination.
Pour soutenir les programmes sociaux, il faut générer de la richesse. Eh oui, faire de l’argent, le mot que personne ne veut dire. Tout le système est basé sur cela. Si nous ne faisons pas d’argent, rien ne fonctionne, tout s’écroule. Pour faire de l’argent, très souvent, il faut investir. Beaucoup d’entreprises le font. Et c’est ce qui a été fait dans ce cas. À nous maintenant de nous assurer que cet investissement collectif rapporte à la région et à tout le Québec.